(Extrait) Tome 4. Tom et Louise et les hurlants de la rue Edmond Rostand.
Dans la résidence de la rue Edmond Rostand les nouveaux entrent,
les anciens partent. Louise reste avec ses souvenirs glauques et ses
plaintes non résolues. Plus de cris, plus de projectiles lancés,
plus de haine en provenance du balcon sept, mais, la Hurlante, partie
en octobre, n’a pas fait l’état des lieux, elle n’a pas rendu
les clés, elle les a refilées à son frère qui sort de taule,
ensemble ils sous-louent à des pauvres gars sans papiers qui
charbonnent. Elle le sait la dame du deuxième, une grosse dame Belge
toujours vêtue de noire, elle le sait et le claironne, parce que
c’est son mari qui leurs refile le taf. Une petite mafia s’est
installée, les occupants de l’appartement numéro sept, vivent
volets clos. Seules des rayons de lumière filtrent, la nuit
tombante, à travers les volets roulants.
Louise croise
parfois le mari de la hurlante casqué intégralement, pour ne pas
être reconnu par le système des cameras de l’entrée. C’est un
plouc dit Nour, la fille qui s’était fait tirer les cheveux dans
l’ascenseur par les trois harpies.
Un plouc qui sait
comment faire pour exploiter à fond ces pauvres bougres, en leurs
louant des cartes vertes pour qu’ils puissent travailler et livrer
jusqu’à pas d’heure, des repas pour qui n’a pas le temps de
préparer son repas. Louise ne sait pas combien ils sont là-haut,
sous ses fenêtres, au premier étage, parfois un occupant gémit
dans la nuit..